jeudi 6 novembre 2008

Réflexions & Etat des lieux du concours de musique Gallo à Monterfil.


Depuis 1976 date du premier concours de musique Gallèse à Monterfil, l’objectif premier fut de montrer la qualité et la diversité du répertoire Gallo avec ses propres caractéristiques et son entité résolument bretonne. Notre musique Gallo et nos instruments correspondent à une ancienne société rurale autarcique liée aux rituelles ponctuant en partie les grands événements d’une vie agricole. Cette société aujourd’hui disparue à nous de prouver qu’on peut créer de nouveau, perpétuer et transmettre nos héritages culturels pour faire vivre cette musique au quotidien. À nous de trouver les solutions permettant de reconnaître le génie populaire à travers notre concours. Nous ne menons pas un travail d’arrière-garde mais d’avant-garde, en contribuant à développer du lien social et en stimulant….
La créativité !

Rencontre intergénérationnelle.

Monterfil fut le levier pour inviter les anciens à se produire dans une pratique populaire devant les plus jeunes et favorisant ainsi les échanges. J’ai pu, grâce à ces initiatives rencontrer pour la première fois M. Elie Guichard grand violoneux du Pays de Dinan qui a su attiser ma curiosité, mes envies, ma passion du violon, et me montrer une voie.
Au début de l’aventure nous avons eu la chance de permettre la rencontre des anciens porteurs de traditions et les jeunes musiciens du moment avides de connaissances et qui se sont réappropriés cette musique pour mieux la transmettre à leur tour au plus grand nombre.
Au fil des années, ce carrefour entre jeunes et anciens s’est consolidé et des liens se sont tissés. Ainsi ces jeunes des débuts (Il y a trente ans déjà !) sont aujourd’hui des maillons incontournables de cette transmission orale et ancestrale.

Le CDLG, à travers le concours, a mis en évidence ce riche répertoire et cela toujours dans un esprit de fête, de convivialité entre musiciens, danseurs et spectateurs.
Notre concours a donc revitalisé une pratique la valorisant.

Pourquoi un concours ?

Il semblait nécessaire pour notre association de créer un événement afin d’évaluer la pratique de chacun et son niveau à travers une joute amicale et de partager ses sources.
Dans cette continuité, le CDLG a eu comme vocation de transmettre et d’affirmer l’identité culturelle gallo. Notre association a aussi souhaité signifier l’attachement du Pays Gallo à la culture Bretonne. À l’origine ce concours était filiation (sorte de « rite initiatique » pour moi en 1977) c.a.d pour les musiciens un passage pour obtenir la reconnaissance de ses pairs.
Aujourd’hui le niveau de ce concours se banalise, la qualité technique est souvent au rendez-vous, mais l’âme et la trame ont disparu. Notre concours ne sert plus de curseur pour les pratiquants. Bien souvent hélas, des concurrents-consommateurs vont juste puiser leurs sources auprès des groupes de festou-noz à la mode. Je n’accuse pas, je constate simplement, et quelque part c’est normal et compréhensif. Cette jeune génération de musiciens a pu bénéficier à loisir de tout le travail que les musiciens de ma génération avaient mis en place en amont, depuis ces trente glorieuses Monterfiloise ; collectages, stages, pédagogies diverses, enseignement, etc. .
Ils n’ont donc pas les mêmes repères, les mêmes envies et désirs tout simplement. (On préfère de loin jouer à la manière d’un virtuose de l’accordéon diatonique, ou de se lancer dans de fougueuses impros ( sans queue ni tête la plupart du temps !), que d’écouter le Père Jean de Guemené…

C’est compréhensif, puisque l’on touche plus ici, à une démarche ou un choix musical artistique que culturelle. Avant de se lancer dans la création, il faut une imprégnation, des connaissances, sinon sans ces bases, l’identité propre à cette musique gallèse disparaîtra. Elle s’ouvrira sûrement et sans doute vers d’autres horizons, c’est ce qui est très paradoxal comme situation et quelque part dans la logique des choses. Mais cette dialectique est l’essence même de l’évolution des musiques traditionnelles qui ne doivent pas être figées.
Il ne faut en aucun cas singer nos anciens mais juste s’en imprégner afin de s’enrichir personnellement.

Notre concours permet également de pratiquer le répertoire des marches et des mélodies, qui n’est que rarement joué, à l’inverse de celui de la danse. Aujourd’hui valorisons notre concours en insitant les jeunes musiciens à faire des recherches, défendons le jeu ou l’approche traditionnel qui s’ouvrira nécessairement par la création, l’innovation et la composition.
La qualité technique progresse mais avec une esthétique moderne éloigné des styles des terroirs.
(Et pourtant, la beauté des gammes non tempérées est innovante si belle , et si envoûtante ! La justesse n’est qu’une notion bourgeoise...(sic))

Le Jury :
Lors de notre concours, l’émulation positive entre candidats, peut glisser jusqu’à la rivalité, le rôle du jury est de palier à ces éventualités à travers des décisions, des encouragements et des critiques objectivées.
Sans académisme de façade qui pourrait polluer l’esprit de ces joutes musicales.

Mes idées et mes propositions :

Pour dynamiser le contenu et le contenant de notre concours et « casser « une certaine monotonie qui s’installe, je préconise d’instaurer le choix parmi l’un des terroirs du Pays gallo (Poudouvre, Loudéac, Mené, Coglais, etc.…) .
Chaque année nous pourrions mettre à l’honneur une des composantes de la musique Gallo, qui pourrait être un des fils conducteurs de notre fête, .et de notre programmation. )
Il est vrai que le terroir Vannetais Gallo que nous avons en source principale lors des concours depuis ses 10 dernières années n’est pas la seule référence en la matière. Il est intéressant de s’interroger sur les raisons de ce choix des candidats, phénomène de mode ? répertoire « plus bas breton » ? individualités portantes ? mobilisation plus important des acteurs de Pays de Redon pour valoriser la richesse de leurs chants? )
Une méconnaissance des autres terroirs et un manque d’intérêt en sont peut-être les causes.
Cette innovation que je suscite, comporte des risques à évaluer, réduction du nombre de concurrents, et également des atouts, stimulation de la recherche et les connaissances de chacun. La notion de terroir est aujourd’hui certes aléatoire, et fragile, elle n’avait qu’une réelle signification culturelle avant-guerre, basée sur l’ancienne société rurale et découpages historiques.
Nous abordons ici une notion importante : la confusion possible entre l’expression personnelle du musicien avec l’expression idéale du terroir.
Dans cette démarche, il est necéssaire de mettre en place une aide sous la forme d’un accompagnement pédagogiques auprès des futurs concurrents et des personnes désireuses de découvrir et d’étudier ces terroirs.

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